Actualités : DEVANT LA DEFAILLANCE DES PARTIS POLITIQUES
Les Algériens jaloux de la campagne de l'élection française
C’est ce soir à minuit que
prendra fin la campagne électorale pour les législatives 2007.
L’Assemblée populaire nationale (APN) abritera de nouveaux visages,
encore inconnus par les 17 millions d’électeurs invités aux urnes ce
jeudi, pour choisir leurs élus. Vingt jours ont passé depuis que les
partis politiques ont envoyé leurs troupes sur le terrain, afin
d’expliquer leurs bonnes intentions et sensibiliser autour des
programmes que chacun compte défendre dans la future législation.
Mais
paradoxalement, l’Algérien de la rue a encore sur les lèvres les
élections présidentielles françaises. Il est fasciné par la qualité des
débats tenus tout au long de la campagne présidentielle française. La
comparaison ne devrait peut-être pas avoir lieu entre un pays dont la
démocratie est acquise depuis plus d’un siècle et une Algérie qui
piétine sur le processus démocratique en panne d’idées innovatrices qui
feront sortir le système politique de son hibernation. Tout comme les
Français, les Algériens ont suivi avec beaucoup d’attention et
d’intérêt le face-à-face Sarkozy- Royal, quatre jours avant l’élection.
Cet intérêt s’explique par des raisons multiples. En premier lieu, la
présence d’une forte communauté algérienne de l’autre rive de la
Méditerranée qui ne laisse pas indifférentes leurs familles en Algérie.
La révision de la politique de l’emploi, des pensions, la prise en
charge des handicapés et des femmes violées, la sécurité et
l’immigration étaient les thèmes étalés par les candidats à la
présidentielle française, avec bien sûr, des solutions précises et
projetées à moyen et à long terme. En suivant ces débats, les Algériens
se sont fait une idée de la France des cinq prochaines années,
notamment après que les résultats eurent été connus. «C’est clair,
c’est net, et maintenant le président français élu n’a qu’à appliquer
sa politique», a indiqué un citoyen invité à donner son point de vue
sur les élections législatives et les programmes des candidats en
course. Pourquoi cet Algérien ne répond-il pas à notre question et nous
parle plutôt de ce que sera la France. «Oh ! Ici c’est toujours la même
chose. Nous savons que les jeux sont faits à l’avance», dit-il, en
s’interrogeant même sur l’apparition de nouveaux partis politiques sur
la scène. «Tout ce que je retiens de ces législatives, c’est qu’il y
aura de nouvelles têtes à l’APN. D’ailleurs, ça ne me préoccupe pas
trop, je n’ai pas connu leurs prédécesseurs », commente-t-il avec
ironie. Si la campagne législative est aussi ennuyante du point de vue
des citoyens, c’est parce que les thèmes qui touchent à la vie
quotidienne des Algériens, comme la crise du logement, le chômage, la
défaillance du système sanitaire, le système éducatif devenu
expérimental d’une année à l’autre, la faillite des entreprises,
l’université transformée en usine de diplômes et enfin les libertés
bafouées et le code de la famille, ne sont nullement au cœur de cette
campagne. Les partis politiques ne représentent désormais plus une
force de proposition, mais un outil de consommation. Sauf que le peuple
n’a jamais rien consommé jusque-là pour cautionner cet outil.
Rosa Mansouri
Le Soir D'Algerie